La soif de détruire de certains architectes...
Nous nous permettons de mettre en lien, la page web de l’association Echanges et Réflexions.
Cette association composée de professionnels de la construction s’inquiète du sort des prisons, mais pas dans le sens que l’on pourrait espérer.
En effet, selon eux « l'examen des plans montre que leur utilisation dans l'état actuel est illusoire et que toute modification importante, outre le coût financier induit, n'aura pour effet que de les dénaturer. ». Phrase qui paraît choquante car au contraire la reconversion de ce type d’architecture offre de nombreuses possibilités comme le montre la quantité d’exemples de prisons aujourd’hui reconverties (Boston, Coulommiers, Avignon (bientôt), Helsinki, Lucerne, Strasbourg). De plus, pourquoi et sur quelle base, affirmer qu’une reconversion entrainerait forcément une dénaturation ? L’idée n’est pas de garder l’image d’une prison… au contraire ! L’objectif est simplement de conserver et transmettre le patrimoine bâti, ce qui n’est pas la même chose…
La manière dont est jugée cette architecture comme étant peu intéressante sans l’avoir apparemment réellement étudiée : « pauvreté des façades de Louis Pierre BALTARD » est quelque peu frappante. Ils se permettent ainsi de remettre en cause l’avis de très grands historiens de l’architecture qui se sont scandalisés de la menace qui plane actuellement sur les prisons. François Loyer, historien d’Art, Grand prix du Patrimoine mais également Conservateur général honoraire du Patrimoine, a récemment envoyé un appel sous la forme d’un courrier, afin de conserver les deux prisons. Ce remarquable plaidoyer peut-il être ignoré de façon aussi légère ?
Les auteurs de ces propos peuvent-ils se permettent d’être aussi peu respectueux d’une architecture ancienne et de qualité ? Car nous tenons à rappeler que plusieurs études ont été menées sur les bâtiments de Saint-Joseph et de Saint-Paul, et que leur dimension patrimoniale est reconnue par nombre de professionnels. Cette architecture est également jugée comme étant tout à fait représentative de l’évolution de la conception des prisons au XIXe siècle. De plus les façades des bâtiments de Baltard ne sont pas du tout inintéressantes, bien au contraire. Il suffit de prendre un peu de recul, et depuis la rive gauche Rhône, il est déjà possible d’apprécier le jeu des couleurs de la façade sur les quais. L’ordre dorique utilisé dans les cours de la prison Saint-Joseph leur confère une grâce élégante qui mérite d’être valorisée.
Ces architectes n’ont hélas pas su voir au-delà des murs. Ouvrons les prisons, ouvrons les murs et laissons les bâtiments respirer ! Nous ne demandons pas mieux que de permettre aux lyonnais de découvrir ce patrimoine en menant des visites guidées. Hélas nous le permettra-t-on une fois que les derniers détenus auront quitté les lieux ?
Nous finirons par un dernier argument : on nous reproche de vouloir conserver un grand espace qui pourrait servir à des créations nouvelles et ainsi donner du travail aux professionnels de la construction. Nous ferons simplement remarquer que les Architectes du Patrimoine sont également touchés par la crise actuelle et que de ce fait, un projet de reconversion permettrait également aux professionnels du bâtiment de travailler. Il est peut-être possible que ces personnes, auxquelles on ne pense pas en premier, soient celles qui en ont le plus besoin…