revue de presse du 03/07/09

Publié le par Oriane Rebillard


Le progrès a publié deux articles sur la journée du 25 juin organisée par le CAUE dont nous avons fait un résumé dans l'article suivant. Les voici :


Pour les prisons de Lyon, un avenir est possible qui concilierait patrimoine et modernité. A condition de laisser à l'écart de la réflexion polémiques et doctrines

 

 

On a beau ne rien ignorer de la misère financière dans laquelle se débat le ministère de la Justice, la décision - prise dans la précipitation - de mettre en vente le site des prisons Saint-Paul et Saint-Joseph, accompagnée d'une demande de permis de démolir, fut pour le moins malheureuse. Et même si, depuis, l'Etat semble revenu à de meilleures dispositions en lançant un appel à projets, c'est un bien mauvais signal qui a ainsi été adressé aux Lyonnais, au-delà des seuls défenseurs du patrimoine. Comme s'il était possible de rayer, d'un coup de bulldozer, plus de cent cinquante ans d'une histoire, lourde de symboles, inscrite dans celle d'un quartier lui-même en pleine mutation, sans se préoccuper plus avant de l'avis des habitants et des élus. On reste pantois face à une telle désinvolture.

Heureusement, il reste des hommes de bonne volonté. Ainsi le Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement du Rhône (CAUE), la Commission nationale française pour l'Unesco et la section français de l'ONG vouée à la défense du patrimoine Icomos, ont organisé le 25 juin dernier un séminaire portant sur le devenir des prisons de Lyon. Il réunissait architectes et spécialistes du patrimoine, ayant notamment une expérience de reconversion de sites semblables. Car des précédents existent en France, comme à l'étranger (lire plus bas). Après tout, la prestigieuse Ecole nationale d'administration (ENA) ne s'est-elle pas installée à Strasbourg dans une ancienne prison pour femmes ?

 

Mais ce qu'il ressort surtout de cette journée, c'est d'abord la nécessité de laisser à la porte, avant même d'entamer la moindre réflexion, doctrines et postulats. Lieux de souffrances et de honte, les prisons de Lyon cachèrent aussi derrière leurs hauts murs nombre d'exécutions capitales. Au nom de ce passé, doit-on les condamner à mort à leur tour ou, au contraire, se rappeler qu'elles demeurent des témoins de l'histoire de la ville et des vestiges de ce que fut l'architecture carcérale au XIXe siècle ? Ne devrait-on pas -idée soutenue par la majorité des intervenants- chercher plutôt à leur trouver une nouvelle vocation (logements, bureaux, hôtel, etc.) quitte à procéder à des démolitions partielles pour y parvenir ? Soit tout un processus que résume à merveille le sénateur Yves Dauge, conseiller auprès de l'Unesco : « Mener à bien une telle affaire demandera des années. Mais pourquoi se presser ? Il faut d'abord dégager un projet, lui trouver une légitimité politique et économique, l'articuler ensuite avec le quartier. En aucun cas l'Etat ne peut se débarrasser du problème en fermant et en vendant. Il doit trouver un compromis avec la Ville pour que soit pris en compte les enjeux considérables de ce dossier. »

 

R.R



 

A Boston (Etats-Unis), le virage de la reconversion a été bien négocié : une prison du XIXe siècle a été transformée, en partie, en hôtel de luxe et en centre hospitalier / AFP

A Boston (Etats-Unis), le virage de la reconversion a été bien négocié : une prison du XIXe siècle a été transformée, en partie, en hôtel de luxe et en centre hospitalier / AFP



Le séminaire sur le devenir des prisons, organisé par la CAUE, s'est tenu au sein de l'Ecole nationale de Trésor, laquelle a trouvé à se loger à Lyon dans l'ancien fort Saint-Jean, admirablement rénové et adapté pour cette nouvelle mission.
De même qu'à Nîmes, où l'Université a réussi à investir un édifice semblable, le fort Vauban, grâce au travail d'un architecte italien nommé Andréa Bruno. Lequel s'est taillée une réputation internationale en se spécialisant dans ce genre de chantiers qui nécessite, comme il l'a expliqué le 25 juin devant son auditoire lyonnais : « Que l'on ajoute, que l'on gomme, pour rendre fonctionnel ». C'est lui qui a notamment présenté la reconversion réussie de la vieille prison historique de Turin, bâtie au cœur du centre-ville sur le cours Victor-Emmanuel, en espace culturel.

A Boston, l'architecte Wolfgang Rudorf, également présent à ce séminaire lyonnais, a dirigé la reconversion d'une prison construite en 1851 (donc contemporaine des prisons lyonnaises). Les travaux qui ont exigé la démolition partielle du bâti historique ont permis la réalisation d'un vaste espace d'accueil desservant un hôtel de luxe et la construction d'un nouveau centre hospitalier.

Enfin, à Coulommiers (Seine-et-Marne), c'est une petite prison qui a été reconvertie en bibliothèque par l'architecte Béatrice Julien.

 

 




 

 

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