Publication de l'article du progrès d'aujourd'hui
Un article est paru aujourd'hui dans le journal le Progrès, concernant les prisons de Perrache et les projets pour leur réhabilitation.
En voici le contenu :
Prisons de Perrache : la course aux projets est lancée
le 18.03.2009 04h00
Le Progrès s'est procuré les esquisses de ce qui pourrait, pourquoi pas, voir le jour sur le site des prisons de Perrache. Le permis de démolir Saint-Paul et Saint-Joseph serait d'ailleurs en passe d'être suspendu
Passionnant. C'est le mot qui revient dans toutes les bouches des architectes et urbanistes lyonnais quand on leur parle d'un possible projet sur le site des prisons de Saint-Paul et Saint-Joseph (2e).
Et de nombreuses idées sont déjà avancées. L'université Lyon II s'est dite, un temps, intéressé mais a dû renoncer face au prix « exorbitant » demandé par le ministère de la justice : 23 millions d'euros. D'autres voient là une possibilité de construire de nouveaux logements, par exemple étudiants, des immeubles de bureaux voire même des ateliers d'artistes.
Bruno Dumetier, architecte et urbaniste, n'imagine pas forcément tout détruire : « Ces bâtiments ont une grande valeur patrimoniale et leur réutilisation, même partielle, pourraient être intéressante. » Il avoue néanmoins que le principal obstacle à une réhabilitation est l'image de ces bâtiments dans l'inconscient collectif. « Il faut attendre une désacralisation, que s'efface le côté prison dans l'esprit des Lyonnais », explique Eddie Gille-di-Pierno, président de l'association Patrimoine rhônalpin. Beaucoup de riverains ont du mal à imaginer un futur pour cet espace qu'ils connaissent finalement peu. Corinne habite le quartier depuis 21 ans et souhaiterait « les logements sociaux et étudiants. »
Le bureau d'architecte lyonnais « AU*M » qui travaille déjà sur le site de la Confluence, s'est déjà lancé dans une phase d'esquisses. Pierre Minassian verrait bien un « espace mixte d'hôtellerie et de détente. » « L'emplacement sur la Presqu'île, à côté de la gare, est idéal », explique-t-il. Et de continuer : « On a imaginé un pli de terre, une sorte de petite colline artificielle permettant l'implantation d'un espace vert dans ce quartier qui en manque. » Ce monticule renfermerait, au sous-sol, une salle de spectacle qui pourrait « accueillir des concerts de rock, généralement peu désirés en centre-ville. » Enterrée et isolée, l'insonorisation y serait parfaite. Le long des voies de chemin de fer et des berges du Rhône, Pierre Minassian imagine un immeuble qu'il baptise « fantôme » : « Ses façades seront meubles », explique-t-il. Cet immeuble « frontière » hébergerait sans problème selon lui un hôtel, des petits commerces, des restaurants ou des espaces de bureau.
Son projet ne fera sans doute pas l'unanimité mais démontre que le débat existe déjà chez les architectes pour ce site qui offre de très nombreuses possibilités.
Tiphaine de Tricornot
Le permis de démolir serait suspendu pour un moratoire de quelques mois
La décision de suspendre le permis de démolition des prisons de Saint-Joseph et Saint-Paul aurait, selon nos informations, été prise par les services de la préfecture.
Un moratoire devrait être annoncé, le temps de mettre en place un groupe de travail d'une dizaine de personnes. Ce groupe devrait être composé des services de la DDE, de la DRAC, du ministère de la justice et sans doute de représentants de la ville de Lyon. Un cahier des charges puis un appel à projet seront donc bientôt lancés, avec, semble-t-il, un examen des réponses autour du mois de septembre. Si rien de satisfaisant n'a alors été trouvé, le permis de démolir entrerait à nouveau en vigueur.
Les associations lyonnaises qui réclamaient ce moratoire devraient donc être satisfaites. En tête de revendication, l'association « Patrimoine rhônalpin. » Son président, Eddie Gilles-di-Pierno, estime qu'une « expertise patrimoniale doit permettre de savoir ce que l'on doit garder et ce que l'on peut détruire. » Même constat pour Régis Neyret, journaliste, éditeur et défenseur du patrimoine, qui défend la singularité de la prison Saint-Paul construite dans « une extraordinaire forme panoptique pratiquement unique en France et en parfait état de conservation. » Ce moratoire laissera donc, à tous, quelques mois pour partager leur vision future des prisons de Perrache.
T. de T.
Reconversions de prisons : de multiples exemples réussis
Création d'un blog et lancement d'une pétition pour conserver les prisons
Une pétition pour sauver les prisons de Perrache de la destruction devrait être mise en ligne sur Internet avant la fin de semaine. Julien Defillon (je tiens à signaler que l'auteur a ommis de citer le nom de Oriane Rebillard, moi, sa collaboratrice, alors que nous lui avions expressément demandé de le préciser...), fondateur du site et rédacteur de la pétition, souhaite ainsi « mobiliser les Lyonnais. » Étudiant en histoire de l'art, il estime « scandaleuse » la décision de démolir ces bâtiments historiques et pointe du doigt la lâcheté des politiques « qui font tout pour ne pas s'en occuper. »La pétition réclame un délai de réflexion « avant qu'il ne soit trop tard et une implication plus grande des instances de la ville pour sauvegarder le patrimoine lyonnais. »
> Le site Internet : http://sauvonslesprisonsde perrache.over-blog.org
La prison Charles Street de Boston (États-Unis) a certainement connu la plus célèbre des reconversions. Construite en 1851, elle est devenue, en septembre dernier, le « Liberty Hotel » : 300 chambres de luxe dont dix suites, trois restaurants, des salons et un centre de remise en forme. Mais il aura fallu cinq ans de rénovation et plus de 112 millions d'euros. L'hôtellerie semble d'ailleurs être, pour les architectes mondiaux, le type de reconversion privilégié pour les maisons d'arrêt. Avignon (Vaucluse), Cape Town (Afrique du Sud), Ljubljana (Slovénie), Lucerne (Suisse), Stockholm (Suède) ou encore Istanbul (Turquie), dans toutes ces villes, les prisons désaffectées se sont muées en hôtel, le plus souvent de luxe.
Mais d'autres métamorphoses plus originales ont aussi été réalisées. À Coulommiers (Seine-et-Marne), on a transformé l'ancienne prison du XIXe siècle en bibliothèque municipale. En Suisse, c'est le musée des Instruments de musique qui a pris place dans l'ancienne prison de Bâle et à Salamanque (Espagne), on a pu installer le musée d'Art contemporain de la ville. De nombreux exemples qui peuvent augurer d'un bel avenir pour les prisons lyonnaises de Perrache.
T. de T.
Repères Historiques :
1827 : construction de Saint-Joseph 1860 : construction de Saint-Paul Avril 2009 : fermeture programmée